2025-08-04 : Et si on parlait photographie argentique ?
Introduction
J'ai commencé à faire de la photo argentique il y a un peu plus d'un an, simplement parce que je voulais toucher l'image et prendre part lors du processus de capture et de développement.
J'ai rapidement trouvé un Pentax P30 à 35€ sur LBC (un super Reflex moyenne gamme des années 80), quelques optiques et je me suis lancé en noir et blanc. J'ai directemenet voulu faire mes développements à la maison, puis scans.
J'ai donc trouvé facilement une cuve Paterson et les chimies qui vont bien pour développé en N&B à la maison.
Le résulat est franchement chouette et j'apprends au fur et à mesure.
J'ai rapidement récupéré un vieil appareil photo GAP de la grand mère de mon beau père, qui prend des photos en moyen format 6x9cm (la taille du négatif).
Et tout récemment, j'ai fait l'acquisition d'un truc bien plus sérieux, un TLR (Twin Lens Reflex) de 1938. C'est un Rolleicord II type 3 qui lui est aussi en moyen format et prend des photos en format 6x6cm.
Il n'était pas en super état quand je l'ai récupéré, l'obturateur déclenchait mal parce qu'il était sale. On aurait dit que l'appareil était tombé dans le sable jadis et que les grains étaient rentrés dans la mécanique. Je l'ai ouvert pour voir tout cela et j'ai pu observer la très grande qualité de conception et de fabrication. La partie obturation qui est finalement la pièce maîtresse dans un appareil photo est vraiment superbe. Après un bon nettoyage, graissage et remontage, l'appareil fonctionne très bien !
La philosophie de la photo argentique en 2025
Beaucoup pourraient se demander pourquoi en 2025 faire de la photo argentique. Le matériel est encombrant, lourd, les pellicules coûtent cher, le processus de développement est parfois un peu incertain...
Mais c'est justement cela qui est intéressant ! Pour ma part je ne prends pas particulièrement de plaisir à faire des photos avec mon smartphone. C'est très utilitaire, voilà tout.
En argentique, faire des photos devient un rituel. Comme justement chaque photo a un coût, on réfléchit avant d'appuyer sur le déclencheur. On réfléchit un peu plus à la composition de l'image, est-ce que celle ci vaut le coup d'être prise, est-ce que la sensibilité de la pellicule actuellement dans l'appareil conviendra pour la luminosité du sujet qu'on veut capturer ?
Après le rituel de la prise de vue, le rituel du développement est très sympa aussi. On n'est pas dans l'immédiateté de la photo. Il faut attendre de développer pour savoir si ce qu'on a pris en photo est conforme à ses attentes. Parfois on a des bonnes surprises, parfois des déceptions. Mais avec l'expérience les résultats deviennent plus précis et répétables.
On est finalement dans un schéma tout à fait en adéquation avec la philosophie gemini à mon sens : la slow photography qui s'accorde avec le slow web.
Chaque photo qui a été prise devient précieuse car c'est un objet physique, tangible qu'on peut prendre dans ses mains, même si on a numérisé le négatif dans une partie du process.
Au bout de un an d'utilisation environ, j'ai fait une quinzaine de pellicules et je me rends compte que je ne fais plus de photos avec mon smartphone, hormis pour des besoins techniques par exemple. Je laisse le soin à ma compagne, qui a un Iphone de faire les photos couleurs qu'elle veut (parce que quoi qu'on dise, les photos Iphone sont quand même très qualitatives).
Je pense que l'argentique est en train de devenir mon mode exclusif de photographie, notamment pour les photos de famille et les souvenirs.
Depuis quelques temps, je traine un peu sur insta pour trouver aussi des idées d'inspiration pour de la composition photo. J'ai bien envie de tester des photos plus artistiques, des nus, etc. Mais cela sera une autre histoire qui s'écrira peut être ici :-)
Les pellicules
Alors les pellicules sont aussi tout un univers. Les prix ont pas mal augmentés ces dernières années, je pense à cause de l'engouement un peu bobo de la photo argentique. Mais j'ai commencé en 35mm avec la Kentmere Pan 400, c'est à dire un iso 400, avec un grain moyen.
C'est une pellicule par chère, facile pour débuter je trouve à moindre coût.
J'ai dernièrement pu tester l'Ilford FP4+ qui est 30 à 40% plus chère, mais qui a une sensibilité à 125 iso, donc moins sensible, mais aussi avec un grain bien plus fin.
Dernièrement (genre hier), j'ai développé ma première pellicule moyen format (format 120) sur des prises de vue Rolleicord. J'ai acheté de la pellicule cheap Fomapan 400. Le grain est plus prononcé et j'ai été un peu déçu sur le moyen format 6x6 de ne pas avoir beaucoup d'amélioration par rapport au 35mm (bah oui le négatif offre une surface 4x plus grande de capture de lumière qu'un 35mm, donc on agrandit moins le tirage pour une même taille de sortie par exemple). Mais c'est le début de l'exploration avec le Rolleicord et il faut absolument que je teste avec une FP4+ qui devrait me permettre d'obtenir des résultats bien meilleurs (d'ailleurs pour faire du studio, photos de nus dans la chambre ça peut être une bonne idée, si toutefois il y a assez d'éclairage).
Je n'ai pas eu encore l'occasion de tester d'autres marques et références, mais je suppose que cela viendra.
Techniques de développement / scan / tirage
Principes de base
Le principe est simple, je mets une pellicule dans mon appareil, je prends les photos en faisant attention au triangle d'exposition (si ça vous intéresse vous trouverez moult tutos sur le net).
Ensuite pour le développement, ça demande un peu de méthode :
- Sortir le film au début de la pellicule pour qu'il dépasse
- Dans le noir complet, le spiraler sur la bobine de la cuve Paterson (pareil plein de tutos sur internet)
- Ensuite il faut préparer les chimies et faire le développement
- On fait sécher le film développé (et qui n'est donc plus sensible à la lumière)
- On peut le scanner ensuite pour faire du tirage
Chimies
Il faut 3 bains différents pour la partie chimie :
- Un révélateur
- Un bain d'arrêt
- Un fixateur
Pour le révélateur, j'utilise pour le moment uniquement du D-76, qui est très connu, simple d'emploi. Il n'a pas le grain le plus fin par rapport aux pellicules mais on peut le doser de plusieurs manières de non dilué, à dilué à hauteur de 1+3. Je n'ai pour le moment testé que en 1+3 pour des raisons économiques mais à priori cela rajoute du grain sur l'image finale.
Concernant les temps de révélation, ça dépend du dosage et de la pellicule. Dans mon cas, avec une Kentmere Pan 400 et un dosage à 1+3 il faut 28 minutes avec de l'agitation de 5 secondes toutes les 30s, à une température de 20°C.
Il faut donc que je teste en diluant moins (ce qui raccourcit aussi le temps de développement) et affine normalement le grain.
Un autre révélateur très connu est le Rodinal, qui est très ancien puisqu'il est sorti pour la première fois à la vente en 1891 ! J'ai envie de le tester prochainement. Ce n'est pas non plus le révélateur au grain le plus fin mais il ajoute de l'acutance (c'est à dire une bonne séparation du contraste, ce qui rend l'image plus vive).
Concernant le bain d'arrêt, dans mon cas j'utilise simplement du vinaigre cristal à 8% ou 10%. Il faut le doser à 2% dans de l'eau et donc il suffit de faire un petit calcul simple pour avoir la quantité à préparer. Le bain d'arrêt, comme son nom l'indique, après l'action du révélateur, sert à arrêter l'action de révélation par l'ajout d'une base acide. Généralement le temps est de 4 min.
Enfin, le fixateur, qui permet de "figer" des particules d'argent sur le film pour une bonne conservation sur le long terme. Perso je prends de l'Adofix mais il en existe plein d'autres, je ne sais pas trop quels sont les impacts sur la qualité finale. Le temps là aussi est de 4 min.
Une fois ces 3 bains passés, on rince bien le film avec de l'eau, on le suspend à des pinces à classeur pour qu'il soit tendu et ne s'enroule pas et on laisse sécher quelques heures. Il faut bien faire attention à ne pas le toucher avant qu'il soit sec, sinon la couche de gel dessus laissera des traces et c'est dommage !
Le scan
Alors ensuite, on peut se la jouer puriste avec un agrandisseur, une chambre noire, etc et faire ses tirages soi même à la maison, de manière tout à fait analogique et old school.
Je n'ai pas la place pour me faire une chambre noire à la maison et même si j'adore la photo, ce n'est pas encore une passion où j'ai envie de passer mes soirées à faire des tirages. Du coup j'ai plutôt opté pour la solution scan des négatifs.
J'avais trouvé au début un petit scan à négatifs/diapos sur LBC qui fait l'inversion noir et blanc automatiquement, qui a un petit porte négatif dessus pour les faire glisser dans la fente de scan. C'est hyper pratique mais on a pas de contrôle sur l'image finale. Même si le résultat est cool et propre, je voulais pouvoir retravailler bien mes contrastes.
C'est pourquoi je suis récemment passé sur une méthode scan avec un dalle LED qui rétroéclaire l'arrière du négatif et je prends en photo avec mon appareil numérique Sony qui a une quinzaine d'années les négatifs pour ensuite les inverser et régler les niveaux avec GIMP. Peut être que je pourrai faire un tuto à ce sujet un de ces jours.
Sur du format 35mm ça donne un truc de ce genre :
Le travail dans GIMP
Ensuite cela prend un petit peu de temps mais il faut ajuster les niveaux de couleurs pour obtenir un beau noir et blanc lors de l'inversion du négatif.
Déjà, je vais recadrer l'image dans GIMP pour garder ou non les perforations.
Ensuite, il faut faire une désaturation pour enlever le côté un peu sépia du scan (Couleurs -> Désaturation -> Mixeur Mono). Je mets des valeurs types 0.6 en rouge, 0.3 en vert et 0.0 en bleu.
Puis Couleurs -> Inverser. Là on voit que l'image est certes en niveaux de gris mais souvent assez pâle. Il faut pour cela ajuster les niveaux et les courbes.
Couleurs -> Niveaux. Là on déplace le point noir au début du spectre de l'image et le point blanc à la fin du spectre utile (souvent il y a des aberrations qu'on ne prend pas en compte). On peut ajuster un peu le point gris moyen pour avoir quelque chose de plus clair ou plus sombre globalement.
Et enfin, si on veut peaufiner, on peut travailler la courbe d'entrée sortie dans Couleurs -> Courbes. On peut ainsi assombrir les noirs encore plus, ou alors éclaircir les blancs.
Ca prend un peu de temps mais de cette façon là j'ai un contrôle total sur mon image. Il me faut en gros une heure pour une pellicule de 36 poses, ce qui reste raisonnable même si ça occupe.
Impression sur papier photo
Pour sortir des belles photos et les mettre dans mes albums, j'ai acheté une imprimante jet d'encre un peu dédiée à la photo, une Canon G630. J'achète du papier photo 10x15cm et hop il suffit d'imprimer les photos qu'on veut avoir physiquement.
Quelques photos
Je prends beaucoup de photos de famille donc je ne les posterai pas, mais voici quelques exemples de photos que je peux partager ici avec quelques explications.
Expérimentations avec le GAP et montage en 35mm
L'appareil GAP de l'arrière grand mère n'est pas un appareil non plus de grande qualité. Fabriqué dans les années 50, c'était un appareil pour le grand public. Malgré tout ça fonctionne.
Comme je n'avais pas de pellicule 120 au moment où je voulais le tester, j'ai imprimé des adaptateurs pour monter une pellicule 35mm dedans et ça se monte donc comme ça dedans.
Donc forcément, une partie de l'image ne pourra pas être capturée, il faut faire attention à son cadrage. Mais le truc cool c'est que ça sensibilise aussi les perforations. Ca donne un petit style assez sympa, même si dans le cas présent la qualité des images n'est pas terrible.
Toujours une petite expérimentation sympa malgré tout !
Conclusion
J'espère que ce tour d'horizon assez succint de la photographique argentique vous aura plu ! Je pense continuer à poster les photos que je trouve sympa ici. Si vous vous êtes égaré sur cette capsule, j'espère que la visite aura été bonne !
Contenu sous licence CC BY-NC-SA 4.0