Journal/Documentation
2025, décembre, 6
Documentation
Documenter me semble primordial, pour la mémoire, pour ne pas oublier les raisons, l’organisation de nos actions passées, ne pas refaire les mêmes erreurs ou reproduire ce qui fonctionne. Pour voir les progrès et moins se lamenter sur ce qu’il «y a à faire», voir et apprécier le chemin
Comment documenter. J’ai fait plein d’essais :
- carnet fourre-tout : très compliqué de s’y retrouver, même avec des tables des matières, matériellement, comment toujours avoir les anciens carnets avec soi ?
- journal «intime» : je l’ai utilisé principalement dans les moments difficiles, moralement, pas pour documenter les actions
- agenda semainier : pour noter un résumé des actions de la journée, de la semaine. Très synthétique, porté sur l’action et non la réflexion.
- le journal numérique : un simple fichier texte. Oblige à disposer d’un ordinateur. Comment faire au plus simple ? Pourquoi le partager ? Quiel cela peut-iel intéresser ? C’est la question que se posent tout·es ciells qui publient sur le net ? Comment l’organiser. Comme un blog, un billet à la fois ? Comment s’y retrouver alors ? Utiliser des mots clefs comme documentation ?
Changement de vie
«Changer de vie». Pourquoi ? Comment ?
Pourquoi. Parce que les incohérences vécues au quotidien sont trop fortes et créent trop de dissociation cognitive. Parce qu’être enseignant·e, dans le public, pour pouvoir aider les élèves, les enfant·es à être libres, respectueu·ses de soi et des autres, les aider à s’organiser sans logique de pouvoir, leur proposer sans leur imposer, cela oblige (1) à déconstruire ce qu’iels ont déjà acquis du haut de leur 8-12 ans au sein de cette société patriarcale, coloniale, capitaliste, compétitive et donc créer une dissonance cognitive avec ce qu’iels vivent en dehors de l’école et (2) à les protéger de l’institution «éducation nationale» qui veut les trier, les dresser à coup d’évaluations nationales, de respect du professeur. On peut résister, jouer le tampon, jussqu’à la rupture. Jusqu’à ce que la pression dépasse la capacité individuelle de résistance. Or enseigner est une vocation, est un métier qui porte un sens sociétal, qui est normalement un acte de proposition sans pouvoir. Si la société, ou son organisation actuelle, ne permet pas de mettre en place cette proposition (comme les propositions de soins dans les hôpitaux) du fait de la marchandisation, de la hiérarchisation de tous le actes, comment est-il possible de construire un projet dans cette société ?
Jusqu’à présent, je pensais être d’accord pour le principe des impôts. En fait, je suis d’accord pour la redistribution, pour la mise en commun. Or les impôts actuels sont confisqués par une caste illégitime, qui nie tout autre avis que le sien et dispose ainsi du bien commun pour lui-même (on peut garder ici le masculin) et ses partenaires.
Donc changer de vie veux dire sortir de la société. Mais comment faire quand on y a toujours vécu. Comment survivre ? Il y a tout à réapprendre. Et la société met la pression, elle veut contrôler tout le monde, tout est fait pour cela. Et dans la société, tout n’est pas mauvais. Faire société, partager. Il y a toute une société qui (1) est malheureuse de sa vie actuelle, a envie d’autre chose, est mécontente de la façon dont les dirigeants dirigent, (2) propose d’autre modes de vie, respectueux, mais qui sont invibilisés, harcelés par les dirigeants officiels (toujours masculin) de notre société officielle.
Marginalité
Donc changer de vie, c’est essayer d’intégrer, prendre le chemin d’une société non officielle, choisie, essayer de se libérer progressivement des liens qui nous entravent à la république en essyant de créer des liens avec des sociétés que nous choisissons, pour leur respect de l’autre, quel et quoi que ce soit. C’est aussi utiliser les rares capacités positives de la république pour survivre à cette transition, accepter de vivre à sa marge pour guérir du mal qu’elle fait, créer des liens à l’extérieur pour nous aider à en sortir, des liens à l’intérieur pur aider ciells qui voudraient en sortir, et ciells qui ont l’énergie d’essayer de la changer de l’intérieur. Ce que je pourrai définir comme **marginal·e**, à la marge, à la fois dedans et dehors. Changer de vie c’est alors se mettre à la marge, marge qui est large, avec pour but, peut-être, et finalement peut-être pas, de sortir totalement de la société. Peut-être plutôt de n’avoir avec cette société et les personnes qui la composent que des liens choisis, respectueux, positifs, constructifs, épanouissants.
2025, décembre, 9
difficultés mentales, cohérence
S’extraire, s’éloigner du mode de vie commun ie du travail quotidien pour «gagner sa vie» soit payer sa maison, son chauffage, ses déplacements, ses assurances, les cadeaux sociaux en période de fête est source de tension. Ne pas avoir de travail salarié quand on n’est pas à la retraite est tellement connoté négativement, que même quand personne ne vous fait de remarques, on ressent une tension, à ne pas se lever avec un réveil (même si on se lève tôt), à ne pas avoir d’obligations. À ne pas pouvoir justifier «Mais comment gagne-t-iel sa vie ?». Car nous n’avons pas un «droit» à vivre, nous devons le mériter, le gagner.
Peut-être que ce sentiment est lié au peu de liens que j’ai su, pour le moment, nouer avec les milieux alternatifs. On a beau lire, se renseigner, cela ne remplace pas le fait de cotoyer des personnes dont on ressent l’absence de jugement négatif. Alors que je me sens en accord avec mes choix, cohérent, ce sentiment de culpabilité, de ne pas «travailler» pour gagner de l’argent est toujours là, plus ou moins fort. Ce qui me fait tenir, c’est la volonté de cohérence du projet. Ne pas déranger, ou plutôt limiter au maximum mon impact négatif sur… tout. C’est vertigineux, inatteignable, mais c’est un chemin pour moi respectueux. Être respectueux comme j’aimerais être respecté, faire partie d’un tout, d’un équilibre et ne plus me battre contre, refuser toute relation de pouvoir pour n’être que dans la coopération choisie.
cohérence de déplacement
Comment se déplacer ? Voiture, transports en commun, vélo, à pied ? Pour le moment, je ne peux pas me passer de voiture, donc de gasoil, donc de pétrole et de stations essences. Ce n’est pas hyper radical ? Quand on déménage en moyenne montagne dans une commune très rurale, ne faire que marcher est pour l’instant difficile, notamment pour les matières premières des travaux.
Quelles seraient les solutions les plus respectueuses ?
- à pied : je fais déjà beaucoup de déplacements à pied, notamment pour le glanage, mais certaines distances sont trop importantes, ne serait-ce que pour découvrir l’environnement proche. Il n’empêche qu’une fois à domicile, les déplacements motorisé sont beaucoup plus limités, une à deux fois par semaine. Le fait de réussir à auqmenter très fortement l’autoproduction de fruits et légumes facilitera cette limitation de l’usage de la voiture.
- à vélo : oui, c’est réparable, low tech (tant qu’il n’est pas électrique). Après, la moyenne montagne, ce n’est pas plat, les villages les plus proches sont à une vingtaine de kilomètres. C’est envisageable. Avec un vélo fonctionnel, mais pas confortable. à réfléchir.
- avec un animal : de quel droit ? Pour le monter ? Un cheval. C’est énormément de contraintes. Et lui, de quel droit l’enfermerai-je, le contraindrai-je à me porter moi et mon matériel ?
- transports en commun : oui, pour les longs trajets nécessaires en France. Le train est hélas trop cher par rapport au car, n’étant plus un service public, donc car pour les trajets sans chargement. Et transponts en commun pour les trajets «en ville».
Voiture
Pour le moment, c’est donc voiture. Vieille voiture, low tech, réparée, entretenue. Toujours d’occasion. Une voiture, c’est 2000€, moins chère qu’un vélo neuf électrique. Elle consomme plus que les voitures récentes (5-6L/100km)? Pas sûr, moins de gachis d’énergie en ordinateur de bord, lumières automatiques. Pas si lourde que ça par rapport aux voitures actuelles, énergie de fabrication nettement plus rentabilisée (quand on arrive aux 500 000 km parcourus). Utile pour les grands trajets, les ravitaillements en gardant à l’idée qu’il faut réduire progressivement l’utilisation, ce qui permet aussi de réduire les frais de carburant et d’entretien.
Oui, avec une vieille voiture, on a des réparations à faire. Ou à faire faire au garagiste (quand on n’a pas le temps). À partir du moment où l’on a plus d’emploi, on a plus de temps et moins d’argent et donc logiquement, on doit tendre vers l’autoréparation. Ce n’est pas simple, il faut aussi du matériel dans lequel investir.
- changement des plaquettes de freins (Audi A3 2001) : échec (passage chez le garagiste), étriers trop rouillés, à retenter ?
- centralisation défaillante (A3) : bidouille au niveau du coffre réussie, et plus de centralisation. Ça fonctionne.
- vitres électriques défaillantes (A3) : gros apprentissage sur le démontage de garniture de portière. Passaqe de vitres électriques à vitres manuelles. Pas hyper confortable mais fonctionnel.
- changement de l’ancien autoradio original (avec un excellent son à l’avant et l’arrière) qui a avalé et pas digéré la k7-jack qui permettait d’écouter de la musique à partir d’un téléphone ou lecteur audio (Audi A4 2001). Semi réussi. Les enceintes fonctionnent (les arrières sont alimentées par un ampli), reste à gérer (trouver) le «+» intermittent lié au contact. À première vue, il faut en récupérer un dans la boite de fusible en tirant un fil jusqu’à l’autoradio.
- vitre électrique défaillante (A4) : réparation de fortune sur une aire d’autoroute grâce à la montée en compétences sur l’A3.
- voyant ROUGE freinage (A3) : niveau liquide freinage effectué grâce à la prise de confiance des précédentes réparations.
On nous a aussi conseillé d’investir dans des Revues Techniques pour mieux comprendre le fonctionnement et comment progresser en réparations. Un des principal frein à l’autoréparation, quand on a du temps, c’est la confiance en ses capacités. Il faut essayer, prendre son temps, accepter de ne pas réussir directement. On peut se retrouver à aller quand même chez le garagiste (il est pour moi essentiel de trouver un petit garagiste multimarque, surtout pas un concessionnaire ni un adhérent à une chaine comme Ad).
2025, décembre, 10
société
Je suis de retour pour une semaine dans ma région natale. Périphérie de grande ville. Ce matin, je vais chercher du pain, et je tombe sur une SDF. Je n’en vois plus dans mon nouveau lieu de vie. Trop petit, trop isolé. C’est un rappel pour cette société dont je ne veux pas, dont sûrement une majorité ne veut pas. Je lui demande si elle veut que je lui prenne quelque chose. Pourquoi ai-je fait cela plutôt que lui donner de l’argent ? C’est une sorte de contrôle que j’ai exercé sur elle. Des relents de ce que l’on m’a bassiné toute ma vie ? «Mieux vaut acheter quelque chose que donner de l’argent, sinon, iells vont BOIRE !» Quand bien même, iells font bien ce qu’iells veulent, qui suis-je pour juger. Elle me dit qu’elle voudrait bien une tarte au citron (emballée car elle vit dehors). Je sais qu’elle vit dehors. J’ai honte de lui donner seulement ça, de ne pas lui proposer une douche, une journée à l’abri, au chaud, un lit. Mais en même temps, deuxième jugement : une tarte au citron, c’est pas rentable, j’aurais pris un pain, un sandwich. Qu’est-ce qui fait qui je me permette autant de juger ? Elle demande bien ce qu’elle veut. J’ai à la fois honte de moi, de porter ces jugements ignobles, et ça me pose question. C’est dans cette société que j’ai grandi, évolué. M’en serai-je rendu compte, de mon jugement, il y a un, cinq, dix ans ?
Ça me fait du mal, qu’il y ait des SDF. Je me sens impuissant et lâche d’aller vivre dans un endroit où je n’en verrait pas.
montée en compétences
Réparation de voiture. Trouver le 12V intermittant. Plus je mets le nez dans les réparations, moins cela m’inquiète. J’ai réussi à tirer un fil d’un 12v contact vers l’autoradio, qui maintenant fonctionne «normalement» dans les deux voitures. Oui, ça a pris un peu de temps, ça n’a pas été facile (même si le principe est simple, tirer un fil). Mais quelle satisfaction quand on y arrive, quand tout se passe comme on le souhaite.
Mots clefs
- projets
- difficultés physiques, mentales
- cohérence
- pressions
- envies
- société
- marginalité
- soutien
- isolement
- techniques de documentations
- montée en compétences