Le syndrome chinois- Un film de James Bridges- Avec Jane Fonda, Michael Douglas, Jack Lemmon.

Kimberley Welles, présentatrice et chroniqueuse pour la télévision se rend avec son équipe de tournage à la centrale nucléaire de Ventana pour les besoins d'un reportage sur l'énergie nucléaire.

Une alerte se déclenche pendant les prises de vues et l'équipe de tournage assiste à la panique des opérateurs du centre de commande de la centrale.

Richard, le cameraman enclenche discrètement sa caméra et filme toute la scène.

L'incident se résout mais il interroge les journalistes, qui s'empresse de vouloir diffuser ces images.

La première scène du film nous immerge directement dans la fabrique de la télévision en nous montrant deux écrans diffusant pour l'un ce qui est en direct à l'antenne, pour l'autre ce qui est en off et qui concerne les préparatifs de la séquence de Kimberley.

Le son d'ambiance alterne entre le "on" et le "off", l'un couvrant l'autre alternativement.

Ce qui frappe tout de suite, c'est le réalisme de la séquence, on a aucun mal à s'imaginer que ça se passe comme ça sur un plateau télé.

Ce réalisme dans le rendu d'un milieu professionnel particulier, on va le retrouver pendant tout le film, j'ai trouvé que le film dans son entier avait une vraie acuité dans ses descriptions des différents protagonistes de leurs travail et de leurs psychologies.

Le résultat de cette justesse, c'est que le film peut alors déployer ses intentions, ambitieuses, sans que jamais on ne doute de la véracité de ce qui nous est montré.

J'ai trouvé ça remarquable.

Si on omet les pantalons pattes d'éléphants, le film est un condensé de ce qui se faisait de mieux dans les années 70:

On retrouve les obsessions post watergate d'alors sur le journalisme comme contre pouvoir, on est parfois proche du cinéma de Sydney Pollack et ses complots politiques et il y a même un zeste de parfum de cinéma catastrophe.

Mais avec en sus ce réalisme que j'ai déjà évoqué et une vocation d'alerte quant a la menace nucléaire.

On parle quand même d'une menace, qui hypothétiquement pourrait entraîner la pénétration du produit de la fusion nucléaire dans les nappes phréatiques et qui se propagerait jusqu'aux antipodes !

C'est l'explication du nom "syndrome chinois" qui est donnée dans le film (cette théorie a depuis été démontrée comme impossible, selon wikipedia).

Mais même si la menace nucléaire a de quoi inquiéter, le film ne délivre pas non plus un message politique à proprement parler, il ne s'affiche pas comme "anti nucléaire", il semble plutôt plaider pour que cette menace soit évoquée et qu'on ne taise pas ses dangers au grand public.

La lutte politique, se situe au niveau de qui en parle et comment : corporations versus journalistes.

Les trois acteurs se suffisent à eux mêmes, j'ai envie de dire, ce sont des valeurs sûres, Jane Fonda est impeccable, Michael Douglas est... Jeune et Jack Lemmon est parfait en scientifique contrarié, il apporte une vrai touche d' humanité au personnage.

Je m'attendais à un film un peu daté et j'ai à la place été bluffé.

Les dernières images du film, qui retournent aux dispositifs télévisuels de la séquence d'ouverture pour cette fois ci montrer, ironiquement, l'événement auquel nous avons assisté en tant que spectateur céder la place à une publicité pour des fours à micro ondes a achevé de me convaincre que je venais de voir un film remarquable.