La forteresse noire- Un film de Michael Mann- Avec Scott Glenn, Ian McKellen, Alberta Watson, Gabriel Byrne, Jurgen Prochnow.

Des rayons lasers dans les carpates

Le film va connaitre une sortie dvd en version restaurée le 14 mai en france, j'ai quant à moi pu le voir dans le cadre du festival de cinéma fantastique "Hallucinations collectives" organisé dans ma ville, et nous étions apparemment les premiers en France à le voir dans cette version.

J'avais avant ça, chercher à voir le film mais j'avais seulement vu cinq minutes d'une version en très mauvaise qualité, j'avais préféré couper court, parce que dans le cinéma de Michael Mann, l'esthétique compte énormément et je ne voulais pas saboter ma première vision.

Le festival est depuis terminé, j'écris à rebours, plusieurs semaines après la vision.

Rétrospectivement, Le film m'a fait repenser à une analyse d'un autre film de Michael Mann, Hacker que j'avais lue qui expliquait que le film commençait dans un environnement technologique très moderne et complexe pour finalement petit à petit s'épurer et retourner à un affrontement classique , comme un retour à ce qui est ancien et immuable.

L'affrontement final dans ce film repose en effet sur le combat au sabre japonais, avec des stratégies ancestrales éprouvées qui sont utilisés pour tromper ou "hacker" la compréhension de l'adversaire, il n'est plus question de technologie informatique, les émotions humaines tels que la colère ou la vengeance ont pris le dessus sur la technique.

Cette analyse était très brillante et me semblait juste.

Il y a un peu de cet esprit dans la Forteresse Noire, un genre de mélange entre la modernité et l'ancien, l'ancestral même.

Dans ce film, c'est le mal qui est ancestral, il remonte du fond des ages, le gardien de la forteresse avoue qu'il ne sait même pas ce qu'il garde dans ce temple, il s'est vu assigné ce rôle par son père, qui s'était vu lui aussi confier cette mission par son père, il s'inscrit simplement dans une très longue tradition.

Les Humains ne parviennent pas bien à comprendre le mal (Michael Mann malheureusement pas plus) et dans la Forteresse Noire il est vraiment polymorphe, il sauve même Eva d'un viol, il prend alors les aspects du bien (pour mieux servir ses fins, peut être).

La seule chose qu'on sait, c'est qu'il est trop puissant , incontrôlable et qu'il ne vaut donc mieux pas le réveiller.

Mais inévitablement, on finit par le réveiller, malgré toutes nos précautions.

La forteresse noire est un peu un film maudit, il a connu un tournage contrarié, les producteurs du film ont effectués le montage sans le réalisateur.

Ils ont opté pour un montage "clippesque", c'était la mode à cette époque, préférant privilégier la modernité des images de Michael Mann et la musique de Tangerine Dream, et sacrifiant surement un peu le sens que voulait donner le réalisateur au film.

Ça offre par moment un résultat décousu, surtout dans la seconde partie où des nouveaux personnages viennent se greffer à l'histoire alors que les scènes d'expositions sont passées et sans qu'il n'y ait jamais de héros qui nous soit désigné.

Le film a déplut à sa sortie aux spectateurs, surement parce qu'il n'a ni héros, ni méchant à proprement parler, le mal est en chacun, pas plus présent chez les nazis du film que chez les autres.

Le pote qui était avec moi pendant le film s'attendait à une morale à la Indiana Jones avec des vilains nazis punis de leurs ambitions et je crois qu il a été un peu déçu.

Quant à moi, je salue justement l'absence de manichéisme du film, même si je pense qu'il s'accorde peut être mieux à un univers de western moderne comme "Heat" qu'à un film comme celui là.

Il y a pourtant je pense dans ce film, beaucoup d'éléments qu'on va retrouver ensuite dans la filmographie de Michael Mann et ça vient éclairer un peu mieux la compréhension qu'un aficionado du réalisateur comme moi peut en avoir.