Hérédité - Un film de Ari Aster - Avec Toni Colette, Gabriel Byrne, Milly Shapiro, Alex Wolff.
Le cinéma d'horreur fait parti de mes péchés mignons, mais le plaisir que j'y trouve n'est pas indexé sur les mêmes attentes que pour les autres genres cinématographiques.
Mon plaisir, c'est un peu celui que d'autres ont dans un train fantôme : Je pardonne facilement les effets cheap, du moment que j'ai des sensations confortablement lové dans mon fauteuil.
Je suis toujours prêt a pardonner une incohérence scénaristique ou une scène qui serait ratée, parce que pour moi l'ambition d'un film d'horreur n'est pas d'être réaliste.
Par exemple, le dernier film d'horreur qui m'ait provoqué ce plaisir, c'est un film de Lamberto Bava de 1987, Le foto di Gioia, parce que l'image est léchée, que l'actrice Serena Grandi y est très belle, et qu'on trouve la chanteuse des années 80 Sabrina dans une scène de meurtre.
Soyons clair, ce film est un pur film d'exploitation qui ne restera pas dans les annales de l'histoire du cinéma...
Mais peut être que ce cinéma représente pour moi, une détente, un genre d'aparté qui me permet de me libérer du surmoi de l'intello cinéphile scrutateur.
Du coup quand un réalisateur débarque avec un film d'horreur qu'on présente comme un quasi classique instantané, qu'on veut flatter chez moi l'intello en le comparant carrément à Stanley Kubrick, c'est quasiment la crise de schizophrénie entre mes deux personnalités.
D'un côté, je trouve que le cinéma d'horreur peut se passer de toutes ces prétentions, de l'autre je me dis que bien sûr j'y jetterais un œil un jour.
J'ai donc finalement mater Hérédité.
Faut déjà reconnaître qu'il appartient tout a fait au genre, et qu'il n'est en aucune façon une tentative "d'elevated genre", cette catégorie inventée justement par des prétentieux qui aiment dégoiser des inepties sur le cinéma de genre.
Une fois ce faux concept évacué, le film a pour lui des qualités cinématographiques assez exceptionnelles, mais de celles qui sont rares dans toutes les catégories de films.
La composition des plans et la beauté de la photographie sont proches de la perfection, c'est merveilleux de minutie.
A l'image du travail patient du personnage d'Annie qui reproduit en maquette son environnement, le réalisateur a un vrai sens du détail qui enrichit tous le film.
J'ai trouvé la narration assez tortueuse, je ne connaissais rien à l'histoire, j'ai eu la sensation d'avancer cotonneux dans un récit qui ménage ses effets de surprise :
C'est pile au moment où je me disait que ce n'était pas vraiment un récit d'horreur, que ça bascule justement dans l'étrange pur et dur.
Le film jusque là procédait par petites touches, montrant des éléments dissonants, mais pas assez pour être inquiétants (genre l'oiseau qui vient se fracasser contre une vitre, idée qu'on retrouve dans It Follows, film qui partage des similitudes avec hérédité).
Je vais être tout a fait honnête, si j'ai attendu de voir ce film alors que j'avais acheté le dvd il y a plus d'un an, c'est aussi et surtout parce que j'avais peur qu'il soit un peu trop extrême.
Ça va, c'est largement supportable finalement.
Le film est cependant assez dur, à un moment du film Annie raconte le passé familial de son côté et celui ci est très marqué par les drames, un nouvel événement tragique vient ensuite encore se rajouter à cette liste, accélérant l'état nerveux déjà borderline de la famille.