A night in nude- Un film de Takeshi Ishii- avec Takenaka Naoto, Yô Kimiko, Nezu Jinpachi, Shiina Kippei, Hayami Noriko, Iwamatsu Ryô, Murota Hideo
Je me suis offert en guise de cadeau de noël le coffret de 4 films de ce réalisateur sorti chez carlotta films sur la base d'un article de blog et des quelques photos qui l'illustraient.
Les images m'ont rappelé l'univers visuel de Wong Kar Way et ses lieux éclairés aux néons et ce que décrivait l'auteur de l'article m'a fait penser au cinéma de hong kong labellisé "catégorie 3", l'équivalent du classement x en France.
Je crois que ce qui m'a attiré dans cet univers, que je découvrais dans cet article, c'est ce mélange à priori contradictoire entre l'esthétisme affiché et des histoires qui à priori ne se prêteraient pas à autant de joliesse.
Les cinéastes Japonais me semble être les seuls à même de composer entre ces deux extrêmes, ils parviennent à illustrer la beauté et la violence dans un même mouvement.
Takeshi Kitano est l'exemple qui me vient en tête mais il y en a beaucoup d'autres.
Après vision, je n'ai pas été déçu, il y a de la noirceur mais aussi de la grâce dans le second film que je découvre de ce réalisateur.
J'ai vu la veille "original sin" un autre film du coffret et les deux films sont tous deux assez sombres mais également traversés par des moments poétiques.
Ces moments de grâce adviennent souvent comme des respirations au milieu des tourments des personnages, en rappelant le passé des protagonistes, leur aspirations d'avant lorsqu'ils étaient encore innocents, ils permettent de les humaniser aux yeux des spectateurs.
Un des meilleures exemple serait cette scène où Nami, après avoir entraîné Jiro dans une situation très dangereuse s'éloigne de lui en sautillant comme si elle était redevenue une enfant.
Elle est pourtant tout sauf innocente, mais c'est sa manière à elle de lui signifier "joliment" qu'elle n'a plus rien à perdre et se fout de ce qui lui arrive.
Même si il est clair qu'elle a perdu la raison à ce stade.
Les quatre films du coffret datent de 1993 et 1994, les deux films que j'ai vus pour l'instant font référence à la grande crise de 1991 et évoquent la nostalgie d'une période qui fut glorieuse avant ça.
Nous arrivons en tant que spectateur après la catastrophe, les personnages sont égarés, ils cherchent des fragments du bonheur entrevu dans leurs vies passés, mais ils n'y croient plus trop.
Je ne sais pas dire ce que cette grande crise a pu représenter pour les Japonais, mais le réalisateur choisi de nous montrer des personnages qui en sont les perdants.
Takeshi Ishii avant de réaliser des films était un auteur de roman graphique du type gekika, terme qui traduit littéralement donne "dessin dramatique", un type de manga pour adultes.
Son cinéma a très certainement hérité de son expérience de dessinateur, d'abord avec son style visuel assez riche, mais aussi dans sa manière de faire passer par des trouvailles narratives les états d'âmes de ses personnages.
C'est cette manière d'esquisser avec l'image les mouvements intérieurs des personnages que j'ai trouvé remarquable.
Tous les films du coffret ont un personnage féminin qui s'appelle Nami, qui est également le nom du personnage de tous les mangas de Takashi Ishii, on ne peux vraiment pas lui reprocher de ne pas être attaché à ses personnages.
C'est aussi ça que j'ai apprécié dans ce film, cette façon de naviguer dans les eaux troubles du film noir mais de progressivement resserrer le scope sur ses protagonistes.
Eh, il n'y a pas pratiquement aucun spoiler dans ce texte, c'est un exploit, peut être parce qu'une grande parti de mon plaisir à été justement de ne rien connaitre de l'univers du réalisateur, et que je ne voudrait pas priver les autres de pouvoir faire de même.