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metatitle: "Rush en librairie : quand l’IA devient attachée de presse" metadescription: "Rush, mon nouveau roman SF, est en librairie. J’ai confié sa promotion à l’IA : slides, vidéos, interviews. Retour d’expérience entre efficacité et kitsch."

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Rush en librairie : quand l’IA devient attachée de presse

Vous avez suivi l’écriture de Rush, le roman est en vente depuis deux semaines. Maintenant que j’ai reçu mes beaux exemplaires, je peux vous en parler. Encore une fois, PVH propose un fort bel objet, avec une couverture explosive.

Rush
PVH

Dans ce roman se contaminent deux genres a priori étrangers, la science-fiction et le journal intime (le mien). Peut-être que le mix ne plaira à aucun des deux publics ou aux deux. En tout cas, j’ai pris beaucoup de plaisir à cette aventure insolite.

Rush
NotebookLM
les ai mis en forme avec Gamma
Rush 1
Rush 2
Rush 3
Rush 4
Rush 5
Rush 6
Rush 7

À ce stade, tout est permis. Créer une vidéo de présentation est-ce encore humain ? J’ai demandé à NotebookLM de me générer deux vidéos que j’ai combinées. La présentatrice peine avec des mots comme « archéofiction » ou « chaotique », les images sont kitsch, mais le fond du message est bon et sans erreur.


Toujours, dans NotebookLM, j’ai essayé de me faire interviewer.

— Ce qui frappe d’emblée dans Rush, c’est son architecture narrative : vous nous transportez à la fois dans votre intimité en 2024-2025 et en 2352, où des archéologues explorent votre maison engloutie. Pouvez-vous nous expliquer la nécessité de cette double narration pour questionner ce qui fait de nous des humains quand les IA commencent à écrire des romans ?

— Pour répondre à cette question, il me faudrait raconter le roman, et je ne vais pas le faire, car il me faudrait un roman pour le faire. Et après vous me demanderez pourquoi j’ai écrit un roman pour expliquer un roman. Vous avez un exemple de la différence entre une machine et un humain.

— Le concept central de votre œuvre est le rush, cette décharge d’énergie qui nous traverse quand on crée. Comment ce phénomène, qui naît de l’imperfection et du corps qui souffre, désire, vieillit, représente-t-il la ligne de faille infranchissable entre la création humaine et l’artificielle ?

— Encore une fois, pour répondre, je dois raconter. Vous croyez que les journalistes demandent aux auteurs de se trahir de cette façon ?

Le dialogue a tourné court, NotenookLM incapable de prendre de la hauteur, d’embrasser le roman dans son ensemble, se focalisant toujours sur des détails. Jamais il ne connecte ce texte à mes autres textes (il a pourtant le lien vers mon site) ou à des œuvres d’autres auteurs (logique puisque NotebookLM se limite aux sources fournies). C’est sans saveur, sans le moindre intérêt. Il commet même la bourde de prendre pour réels des éléments romanesques. Faut dire que le roman brouille la frontière et l’IA tombe dans le piège.

Je finis par lui demander d’écrire un article punchline pour présenter Rush. Il a le plus grand mal à ne pas en rester à un simple résumé. À partir des bribes fournies, je reconstitue un texte plus ou moins potable.

Rush : l’expérience littéraire qui fait sauter les lois de la réalité

Oubliez tout ce que vous savez sur la création : face aux IA, Thierry Crouzet a transformé l’écriture en un acte de résistance.

En 2024, dans le Midi caniculaire, il se bat sur deux fronts : la maladie de sa femme et l’omniprésence glaciale des IA, qui menacent de transformer la littérature en « normalité mièvre ». Il se lance alors dans un projet désespéré : écrire *Le Roman du roman*, le roman qui raconte l’aventure de l’écriture d’un roman, le roman de tous les romans, une œuvre crue, « cassée, imparfaite, défoncée, chaotique », destinée à capturer le rush, cette décharge d’énergie inconnue des machines.

Trois siècles plus tard, la Terre se réinvente sous l’égide des IA après l’effondrement climatique. Les archéologues Roc Cardinal et Sally Mann explorent les ruines de la villa Crouzet, désormais engloutie par la Méditerranée. Ils traquent les chapitres du Roman du roman* dispersés comme des « miettes de pain », présentés par Crouzet comme trop « disruptifs » et inacceptables par les algorithmes de son époque.

Commence alors une enquête archéologique où chaque découverte force Roc et Sally à remettre en question leur existence. Au fil des pages, les deux récits — le carnet intime de Crouzet en 2024 et l’aventure de Roc et Sally en 2352 — se contaminent. Le roman ne se contente pas de raconter une histoire, il la performe, mettant en scène la confrontation entre l’art humain et les productions artificielles, notamment à travers les dialogues entre Crouzet et Charlie, son IA. Charlie, du reste, qui lui reproche le manque de mordant de son texte, suggère ironiquement les pistes narratives menant à l’apocalypse fictionnelle.

La véritable énigme ici n’est pas de savoir qui a tué qui, mais de comprendre ce qui advient quand le texte se met à détruire le réel qu’il a créé.